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The Elder Scrolls: L'écho de Ceux qui Restent

Le 24/10/2025 à 20:30

Par Metal

Description

The Elder Scrolls Chapitre 2: L'Echo de ceux qui Restent

La pluie tombait dru sur les toits de pierre de Chorrol, lourde et froide, comme si les cieux, las de patience, cherchaient à lessiver la crasse d’un monde abandonné depuis longtemps par les dieux.
Elle ne s’écrasait pas : elle s’infiltrait. Dans les failles du pavé, sous les tuiles mal jointes, entre les os. Une pluie ancienne, grise comme les souvenirs d’un cadavre.

Là, en retrait de la grand-rue, presque oubliée entre deux bâtisses lépreuses, se dressait l’auberge des huit bénédictions. Un nom prétentieux pour un lieu à l’agonie.
À l’intérieur, la lumière vacillait. Le feu dans l’âtre ne faisait que survivre, poussant des râles de braise comme un vieillard au seuil du silence.
L’odeur de la suie, mêlée à celle du cuir mouillé et du vin tourné, s’incrustait dans les poutres. Les voix étaient basses, pesées, comme si elles redoutaient d’éveiller quelque chose de tapi dans les interstices de la charpente.

C’est ici qu’ils avaient été convoqués "les mercenaires".
Pas de noms. Pas de présentations.
Seulement des hommes et des femmes trop habitués à survivre pour croire encore aux vertus de la gloire. Des visages mangés par les années ou par le sang, certains burinés comme la pierre, d’autres masqués par des capuches ruisselantes.
Ils venaient de loin, et cela se voyait dans leur manière de se tenir : jamais adossés, toujours tournés vers les portes, comme s’ils n’étaient jamais vraiment entrés.

Et puis il y avait lui.

Maître Oghran Vellian, silhouette sèche et penchée, comme un roseau qu’on aurait oublié de briser. Il portait la robe usée des érudits impériaux, mais elle pendait sur lui comme un linceul trop grand.
Sa barbe était taillée avec un soin maniaque, ses doigts tachés d’encre et de cire, et son regard…
Son regard fuyait, sans cesse, comme s’il cherchait des coins d’ombre où se cacher de lui-même.
Un rat savant, rongé par quelque vérité.

Il ne parla pas tout de suite. Il les regarda, l’un après l’autre, avec cette expression d’homme qui voudrait pouvoir se rétracter jusqu’à n’être plus que poussière dans le vent.
Puis, d’un geste mesuré, il sortit de sous sa cape un petit coffret.

Noir. De ce noir qui absorbe toute lumière.
La boîte n’était pas grande, mais elle dégageait une lourdeur malsaine. Fermée par une ferrure de plomb mat, et scellée d’un sigil que personne ne reconnut. Ni impérial, ni daedrique, ni draconique.
Mais il y avait, dans ses contours… quelque chose de vivant.
Comme si la boîte avait été sculptée dans une matière jadis organique. Et qu’elle se souvenait.

La voix d’Oghran, lorsqu’elle rompit le silence, n’était qu’un murmure.
-Ce coffret… doit être livré à la Tour Est de Kvatch, à deux jours de marche vers le sud-ouest. Par la vieille route impériale. Pas celle que prennent les marchands. L’autre. Celle que les cartes ont oubliée.

Il marqua une pause. Le bois du parquet grinça derrière lui, sans raison.

-Vous serez payés cent septims chacun à l’arrivée. Pas un de moins.
Posez pas de questions.
N’ouvrez jamais le colis.
Et surtout…

Ses yeux se posèrent sur chacun d’eux, tour à tour, lentement. Il sembla les peser, non pas pour juger leur force, mais pour estimer combien d’entre eux rentreraient en un seul morceau.

-Surtout, quoi que vous entendiez… ne vous arrêtez pas.

Il n’ajouta rien.

Le silence retomba, épais, presque physique. On aurait pu le couper au couteau. Personne ne toucha le coffret. Pas encore.

Alors, dans un geste presque fébrile, Oghran sortit une petite bourse et la déposa sur la table. Le cuir était humide, et l’or ne tinta pas.
Il semblait… sale.

-Tenez. Pour la route. Et pour que vous… oubliez mon visage.

Il se leva, lentement, comme s’il avait peur de réveiller la chose dans la boîte en remuant trop vite. Ses gestes étaient empreints d’un respect maladif, celui qu’on accorde à une tombe mal refermée.

Puis il se détourna, marcha jusqu’à la porte, et s’y arrêta, une main posée sur le bois gonflé par l’humidité.

Il ouvrit la porte. Un vent glacial s’engouffra, charriant la pluie et l’odeur des forêts mortes.

Et Oghran disparut dans la nuit.